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Lorsque vous partirez, je ne vous dirai rien,
Mais après tout l’été, quand reviendra l’automne,
Si vous n’êtes pas là, zézayante, Ô Madone,
J’irai gémir à votre porte comme un chien.
Lorsque vous partirez, je ne vous dirai rien.
Et tout me parlera de vous pendant l’absence ;
Des joyaux vus chez les orfèvres transmueront
Leurs gemmes en mauvais prestiges qui seront
Vos ongles et vos dents comme en réminiscence
Et tout me parlera de vous pendant l’absence.
Et chaque nuit sans lune attestant vos cheveux,
Je verrai votre ennui dans chaque nuit lunaire ;
Mais puisque vous partez l’on me soit débonnaire
Et fixe mon étoile et l’astre que je veux
Dans chaque nuit sans lune attestant vos cheveux.
Quand l’automne viendra, le bruit des feuilles sèches
Sera de votre robe un peu le bruissement.
Pour moil, vous sentant proche, en un pressentiment,
La feuille chue aura le prdum des fleurs fraîches,
Quand l’automne viendra hanté de feuilles sèches.
Madone au Nonchaloir, lorsque vous partirez,
Tout parlera de vous, même la feuille morte,
Sauf vous qui femme et mobile comme la porte
Avant le premier soir de danse m’oublierez,
Madone au Nonchaloir, lorsque vous partirez.
Apollinaire
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