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Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon coeur de sa lance.
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Le sang de mon vieux coeur n’a fait qu’un jet vermeil,
Puis s’est évaporé sur les fleurs, au soleil.
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L’ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche,
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche.
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Alors le chevalier Malheur s’est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m’a touché.
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Son doigt ganté de fer dans ma blessure
Tandis qu’il attestait sa loi d’une voix dure.
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Et voici qu’au contact glacé du doigt de fer
Un coeur me renaissait, tout un coeur pur et fier.
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Et voici que, fervent d’une candeur divine,
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine.
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Or, je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.
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Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s’éloignant, me fit un signe de la tête
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Et me cria (j’entends encore cette voix) :
« Au moins, prudence ! Car c’est bon pour une fois. »
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Paul Verlaine
Sagesse
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