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Les hommes sont à l’oeuvre en leur antre profond,
La grande cité sombre ; ils font tout ce qu’ils font
Avec de la noirceur et de la petitesse ;
Leurs puissants chefs, qu’on nomme empereur, Sire, altesse,
Sont chétifs ; les passants vont et viennent autour
Du soldat dans sa tente et du roi dans sa tour ;
La foule rôde et guette, agitée et diffuse ;
Et le maître a la force et l’esclave a la ruse ;
Des chars roulent, on bat l’enclume, la rumeur
Passe et disperse au loin des noms comme un semeur ;
La haine est dans les coeurs, le fiel est dans les bouches,
Et les évènements sortent de là, farouches,
Le bien se forge avec le mal ; tout est mêlé ;
Une porte dont nul ici-bas n’a la clé,
Ferme la destinée, enceinte ténébreuse ;
Et tous y sont murés ; on fouille, on sonde, on creuse,
On cherche ; et le penseur rêve devant l’effort
Et le grand bruit que font ces condomnés à mort.
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Victor HUGO
8 février 1874
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Pour les autres poèmes du dimanche
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