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Sais-tu ce qui me manque et ce qui nuit et jour,
Se refuse à ma soif ardente ? c’est l’amour !
Ah ! c’est vrai, je suis roi, cela doit me suffire ;
Roi, vous êtes heureux ! C’est bien facile à dire.
Un roi n’a qu’à vouloir, un roi peut tout. Eh bien,
Retiens ceci, je peux tous, mais je ne peux rien,
Hélas ! j’ai tout un peuple et je n’a pas une âme.
Ce royaume, le coeur quelconque d’une femme,
Je ne l’ai pas !
…/…
Je puis tout, mettre avec un mot l’Europe en flamme,
Tout, hors réaliser ce rêve qu’une femme
M’aime à cause de moi, parce que je suis moi
Quelqu’un, un homme, et non parce que je suis roi !
…/…
Je veux qu’on m’aime ! Hélas ! l’apparence se vend,
Des âmes au marché, cela se voit souvent,
Mais la réalité d’un coeur, ce diadème,
Ce sommet, cet olympe, être aimé, non pas même
Avec le don d’un astre on l’achète pas !
…/…
Hélas ! est-il donc vrai qu’on puisse sur la terre
Être beaucoup de coeur que le deuil solitaire
Dévore, et qui n’ont rien que l’ennui, ce vautour !
…/…
Victor HUGO
(15 mars 1874)
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Pour l’autre poème du dimanche
http://osee3.unblog.fr/2009/08/23
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