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Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et se fils hors d’haleine
Lui dirent : – « Couchons-nous sur la terre, et dormons ».
…/…
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil ; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
…/…
Tous ses fils regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous les tentes de poil dans le désert profond :
-« Etends de ce côté la toile de la tente. »
…/…
Et le soir on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des nœuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer.
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer ».
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. –« O mon père ;
L’œil a-t-il disparu ? » Dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : -« Non il est toujours là. »
Alors il dit : – Je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien »
On fit donc une fosse, et Caïn dit : « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur le son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.
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La Légende des siècles
V.H.
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