*
Toute la politique est un expédient.
Que fais-tu ? Quoi ! tu vas niant, répudiant,
Blâmant toute action en dehors des principes.
Prends garde. En efforts vains et nuls tu te dissipes,
C’est moi-qui guide l’homme errant dans la forêt
J’ai pour nom la Raison, pour prénom l’Intérêt,
Et je suis la Sagesse. Ami, je parle, écoute,
Caton qui m’a bravée a su ce qu’il en coûte.
O poète, chercheur du mieux, tu perds le bien.
Il t’échappe. Tu fais échouer Tout sur Rien.
Laisse donc succomber les choses qui succombent !
Ta pente est de toujours aller vers ceux qui tombent,
Ce qui fait que jamais tu ne seras vainqueur.
N’a pas assez d’esprit qui montre trop de coeur.
La vérité trop vraie est presque le mensonge,
En cherchant l’Idéal on rencontre le songe…
…/…
N’écoute pas. Reste une âme fidèle.
Un coeur, pas plus qu’un ciel, ne peut être obscurci.
Je suis la Conscience, une vierge ; et ceci
C’est la Raison d’Etat, une fille publique.
Elle embrouille le vrai par le faux qu’elle explique.
Elle est la soeur bâtarde et louche du bon sens………
Mais il faut bien quelqu’un qui soit pour les étoiles !
Il faut quelqu’un qui soit pour la fraternité,
La clémence, l’honneur, le droit , la liberté.
Et pour la vérité, resplendissement sombre !
Les constellations sont sublimes dans l’ombre……….
Dans vingt pays affreux, Soudan, Darfour, Gabon,
L’homme fut pris, lié, traîné, vendu de force,
Jusqu’au lever d’un astre appelé Wiberforce…
Il faut qu’une voix parle, il faut que dans la uit
On voit une lueur tout à coup apparaître.
Au ciel ce dieu, le Vrai ; sur terre ce prêtre,
Le Juste. Ce sont là les deux besoins. Il faut
Contredire le vent et résister au flot,
L’équité monte et plane et n’a pas d’autre règle.
Qui donc prend pour logis le haut du mont Blanc ?
L’aigle !
*
V. Hugo
(L’année terrible)
*
*
Commentaires récents