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Le lions dans la fosse étaient sans nourriture.
Captifs ils rugissaient vers la grande nature
Qui prend soin de la brute au fond des antres sourds.
…/…
Ils étaient quatre, et tous affreux. Une litière
D’ossements tapissait le vaste bestiaire ;
…/…
Parla le quatrième, et dit : – fils, j’ai coutume,
En voyant la grandeur, d’oublier l’amertume,
Et c’est pourquoi j’étais le voisin de la mer.
J’y regardais -laissant les vagues écumer -
Apparaître la lune et le soleil éclore,
Et le sombre infini sourire dans l’aurore ;
Et j’ai pris, ô lions, dans cette intimité,
L’habitude du gouffre et de l’éternité ;
Or, sans savoir le nom dont la terre le nomme,
J’ai vu luire le ciel dans les yeux de cet homme ;
Cet homme au front serein vient de la part de Dieu. -
Quand la nuit eut noirci le grand firmament bleu,
Le gardien voulut voir la fosse, et cet esclave,
Collant sa face pâle aux grilles de la cave,
Dans la profondeur vague aperçut Daniel
Qui se tenait debout et regardait le ciel,
Et songeait, attentif aux étoiles sans nombre ;
Pendant que les lions léchaient ses pieds dans l’ombre.
HUGO
(La légende des siècles)
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