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Le cid exilé
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Ce sont de braves coeurs que les gens de la plaine ;
Ils chantent dans les blés un chant bizarre et fou ;
Et quand à leurs habits faits de cuir et de laine,
Boire les use au coude et prier, au genou.
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Étant fils du sang basque, ils ont cet avantage
Sur les froids espagnols murés dans leurs maisons,
Qu’ils préfèrent à l’eau, fût-elle prise au Tage,
Le vin mystérieux d’où sortent les chansons.
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Ils sont hospitaliers, prodigues, bons dans l’âme ;
L’homme dit aux passants : Entrez, les bienvenus !
Pour un petit enfant qu’elle allaite, la femme
Montre superbement deux seins de marbre nus.
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Lorsque l’homme est aux champs, la femme reste seule ;
N’importe, entrez ! passants, le lard est sur l’étal,
Mangez ! Et l’enfant joue, et dans un coin l’aïeule
Raccommode un vieux sistre aux cordes de métal.…/…
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Ces hommes sont vaillants. Âmes de candeur pleines,
Leur regard est souvent fauve, jamais moqueur ;
Rien ne gêne le souffle immense dans les plaines ;
La liberté du vent leur passe dans le coeur…./…
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Ils content que parfois ce grand Cid les arrête,
Les fait entrer chez lui, les nomme par leur nom,
Et que, lorsqu’à l’étable ils attachent leur bête,
Babieça n’est pas hautaine pour l’ânon.
…/…
V.H.
(La légende des siècles)
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