Publié par osee 5 juillet 2009
dans poemes
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C’est en fraternité que tout doit se dissoudre ;
Et Dieu fera servir le calcul, la raison,
L’étude et la science, à cette guérison.
Peuples, Demain n’est pas un monstre qui nous guette
Ni la flèche qu’Hier en s’enfuyant nous jette.
O peuple ! l’avenir est déjà parmi nous.
Il veut le droit de tous comme le pain pour tous ;
Calme, invincible, au champ de bataille suprême,
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Il lutte ; à voir comment il frappe, on sent qu’il aime ;
Regardez-le passer, ce grand soldat masqué !
Il se dévoilera, peuples, au jour marqué ;
En attendant il fait son oeuvre ; la pensée
Sort, lumière, à travers sa visière baissée ;
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Il lutte pour la femme, il lutte pour l’enfant,
Pour le peuple qu’il sert, pour l’âme qu’il défend,
Pour l’idéal splendide et libre ; et la mêlée,
Sombre, de ses deux yeux de flamme est étoilée.
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Son bouclier, où luit ce grand mot : Essayons !
Est fait d’une poignée énorme de rayons.
Il ébauche l’Europe, il achève la France ;
Il chasse devant lui, terrible, l’ignorance,
Les superstitions où les coeurs sont plongés,
Et tout le tourbillon des pâles préjugés.
Oh ! ne le craignez pas, peuples ! son nom immense
C’est aujourd’hui combat et c’est demain clémence.
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Victor HUGO
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Publié par osee 28 juin 2009
dans poemes

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L’un éclaire avec son ardeur,
L’autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l’un : Sépulture !
Dit à l’autre : Vie et splendeur !
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Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;
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Par toi je change l’or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans les suaires des nuages
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Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.
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Baudelaire
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Publié par osee 21 juin 2009
dans poemes

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Et pour récompenser ton zèle en ces devoirs
Si doux qu’ils sont encore d’ineffables délices,
Je te ferai goûter sur terre mes prémices :
La paix du coeur, l’amour d’être pauvre, et mes soirs
Mystiques, quand l’esprit s’ouvre aux calmes espoirs
Et croit boire, suivant ma promesse, au Calice
Éternel, et qu’au ciel pieux la lune glisse,
Et que sonnent les Angélus roses et noirs,
En attendant l’assomption dans ma lumière,
L’éveil sans fin dans ma charité coutumière,
La musique de mes louanges à jamais,
Et l’extase perpétuelle et la science,
Et d’être en moi parmi l’aimable irradiance
De tes souffrances, – enfin miennes, – que j’aimais !
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Publié par osee 14 juin 2009
dans poemes

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Bon ! va, sois chimérique à ton aise, crétin !
Ah oui ! dans l’âge tendre, à vingt ans, par exemple,
Quand l’amour est un dieu, quand la femme est un temple,
On est bon, juste, noble, à bouche que veux-tu !
Ah les illusions d’éternelle vertu,
Comme je connais ça ! l’aube brille, on ne doute
De rien, on est si jeune ! Et l’on se met en route
Pour l’horizon splendide, immense, éblouissant,
Magnifique ; et l’on part pour la vie en disant ;
- je serais vertueux, incorruptible, probe ;
Mon âme n’aura point une tache à sa robe ;
Je ne dévierai pas hors du ferme devoir.
C’est bien. Puis on avance, et l’on commence à voir
Que le destin n’est pas une ligne bien droite,
Que l’égoïsme est large et la justice étroite ;
On s’indigne d’abord, puis on concède un peu ;
Il faut, pour réussir, moins planer dans le bleu,
Descendre ; et l’on descend ; on s’amoindrit, ensuite
On s’aplatit ; on rit, on dit : suis-je jésuite !
On intrigue, on se pousse, on flatte, on rampe, on ment ;
Eh bien, après ? Quelqu’un qui serait autrement
Semblerait un cynique, un rustre, un Diogène ;
On desserre l’honneur comme un corset qui gêne ;
Est-ce qu’on pourrait vivre avec ces roideurs-là ?
On n’est pas Régulus, on n’est pas Scévola ;
On s’applaudit, on fait des phrases – Qui mesure
Sa conduite au destin suit une route sûre ;
Je travaille la vie ainsi qu’un minerai ;
Je m’éloigne du grand pour m’approcher du vrai ;
On brille. Hélas ! Où donc est la grandeur première ?
L’affreux suif est souvent au fond de la lumière ;
La flamme vert-de-grise à la fin le flambeau.
On se retrouve un jour moins éclatant moins beau.
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Victor Hugo
(1857)
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Publié par osee 7 juin 2009
dans poemes

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La tzigane
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La tzigane savait d’avance
Nos deux vies barrées par les nuits
Nous lui dîmes adieu et puis
De ce puits sorti l’Espérance.
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L’amour lourd comme un ours privé
Dansa debout quand nous voulûmes
Et l’oiseau bleu perdit ses plumes
Et les mendiants leurs Ave.
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On sait très bien que l’on se samne
Mais l’espoir d’aimer en chemin
Nous fait penser main dans la main
A ce qu’à prédit la tzigane.
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Apollinaire
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Publié par osee 31 mai 2009
dans poemes

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Votre progrès n’est rien que fatigue imbécile !
Quelle rage avez-vous de marcher en avant ?
Trop de tumulte sort de l’homme trop vivant.
L’esprit humains, longtemps calme et sombre, s’agite,
Ne serait-il pas bon qu’on fit rentrer au gîte
Et qu’on remit sous clefs et qu’ojn paralysât
Ce monstre, secouant sa chaîine de forçat ?
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Quoi ! la vérité sort ! la raison l’accompagne !
Vite ! Rejetons l’une au puits et l’autre au bagne !
Pour quiconque ose aller, venir, briser l’écrou,
L’enfer est un cachot avec Dieu pour verrou.
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Qui sauvera le monde en péril d’avenir ?
Caïn pleure, Judas gémit, Phalaris souffre
En pleine éruption de lumière, et la paix,
Le progrès, s’évadant des nuages épais,
La science,et, montant là-haut vers le solstice,
L’âme, et cette blancheur céleste, la justice
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Poésie politique et satirique
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Publié par osee 24 mai 2009
dans poemes
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La femme subit l’homme, éternelle mineure ;
Comme est est la coupable, elle est l’inférieure ;
Son destin est douleur, faute, larmes, regrets,
Pas d’espoir dans la vie et pas de ciel après ;
Elle enfante en pleurant l’humanité qui râle
Et commence au berceau sa clameur sépulcrale .
La femme souffre, saigne, obéit, tremble et sert ;
L’homme, banni d’Eden, chasse Agar au désert ;
Entre la femme et lui rien ne comble l’espace ;
Christ n’a rien de commun avec sa mère, et passe
L’oeil fixé sur le Père, au fond du calme azur ;
L’homme est l’être déchu, la femme est l’être impur ;
Réprouvée, elle suit plus qu’elle n’accompagne ;
La vie, exil pour l’homme, est pour elle le bagne ;
Il peut être génie, elle n’est que beauté ;
Le ver de terre attend cette pâle Astarté
Faite avec de la chair, mais non avec de l’âme ;
Satan a chuchoté son triste épithalame.
La femme,ombre d’en bas, s’éclipse et dure peu.
L’homme seul sur la terre est du sexe de Dieu.
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Victor Hugo
Paroles du Griffon
Christianisme
fragments
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Publié par osee 17 mai 2009
dans poemes

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Dans la feuillée, écrin vert, taché d’or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
Des fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l’exquise broderie,
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Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanche.
Brunie et sanglante ainsi qu’un vin vieux,
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.
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Et quand il a fui – tel qu’un écureuil -
Son rire tremble encore à chaque feuille,
Et l’on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d’or du Bois, qui se recueille.
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Rimbaud
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Publié par osee 10 mai 2009
dans poemes

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Les lions dans la fosse étaient sans nourriture.
Captifs, ils rugissaient vers la grande nature….
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Ils étaient quatre, et tous affreux. Une litière
D’ossements tapissait le vaste bestiaire…
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Parla le quatrième, et dit : – Fils, j’ai coutume,
En voyant la grandeur, d’oublier l’amertume,
Et c’est pourquoi j’étais le voisin de la mer.
j’y regardais – laissant les vagues écumer -
Apparaître la lune et le soleil éclore,
Et le sombre infini sourire dans l’aurore ;
Et j’ai pris, ô lions, dans cette intimité,
L’habitude du gouffre et de l’éternité ;
Or, sans savoir le nom dont la terre le nomme,
J’ai vu luire le ciel dans les yeux de cet homme ;
Cet homme au front serin vient de la part de Dieu.-
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Quand la nuit eut noirci le grand firmament bleu,
Le gardien voulut voir la fosse, et cet esclave,
Collant sa face pâle aux grilles de la cave,
Dans la profondeur vague aperçut Daniel
Qui se tenait debout et regardait le ciel,
Et songeait, attentif aux étoiles sans nombre,
Pendant que les lions léchaient ses pieds dans l’ombre.
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Victor HUGO
La Légende des siècles
Les Lions
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Publié par osee 3 mai 2009
dans poemes

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Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon coeur de sa lance.
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Le sang de mon vieux coeur n’a fait qu’un jet vermeil,
Puis s’est évaporé sur les fleurs, au soleil.
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L’ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche,
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche.
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Alors le chevalier Malheur s’est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m’a touché.
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Son doigt ganté de fer dans ma blessure
Tandis qu’il attestait sa loi d’une voix dure.
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Et voici qu’au contact glacé du doigt de fer
Un coeur me renaissait, tout un coeur pur et fier.
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Et voici que, fervent d’une candeur divine,
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine.
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Or, je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.
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Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s’éloignant, me fit un signe de la tête
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Et me cria (j’entends encore cette voix) :
« Au moins, prudence ! Car c’est bon pour une fois. »
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Paul Verlaine
Sagesse
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